Plonger son regard, avec avidite, dans les cavernes de la grande pensee, lutter sans cesse avec les machoires de l'abstraction, cela peut rendre un etre glacial. C'est pourquoi le penseur doit rechercher dans l'edification de sa connaissance davantage le jeu que la finalite d'un anoblissement par les lettres. Il doit eviter de se rendre trop immobile, au risque de rester pris dans la glace de ses propres ecritures. Et voila pourquoi ses livres ne ressembleront jamais a des theses. Ainsi : avancer au milieu des choses avec le masque animal du faune au-devant de tous ses sens. Une decouverte ne doit jamais laisser peser son serieux trop longtemps. Parce que dans tout veritable effort de reflexion, il faut avoir souvent perdu ses limites, marcher vers une emotion qui commence a remplacer la logique. Les traces de nos pas, a un certain moment, doivent cesser abruptement, preuve de notre elevation a un nouveau degre de la connaissance. La verite a l'epaisseur de la poussiere pour l'homme de connaissance.